Marcelle Pichon pendant l’Occupation

Le mardi 1er octobre 1940, alors que Paris est occupée par les Allemands depuis trois mois et que la France vit désormais à l’heure de Vichy et du maréchal Pétain, Marcelle Pichon se marie à la mairie du 15e arrondissement avec Victor Baisse. Que se passait-il ce jour-là ? Réponse dans les Éphémérides que, quatre années durant, le journaliste et résistant Pierre Limagne s’évertua en secret à compiler, notant scrupuleusement le moindre événement dont il avait chaque jour connaissance.

Le 12 décembre 1940, Marcelle donne naissance à son premier fils : Pierre. (Elle était donc enceinte de 7 mois lors de son mariage…).

Puis, trois ans plus tard, le 8 juillet 1943, à son deuxième fils : José.

Lors de son mariage avec Victor Baisse, la mère de Marcelle Pichon est notée « disparue » sur l’acte d’état civil et, à ce moment-là, nul ne sait où elle se trouve (voir pastille 17). Une situation fréquente après l’exode de mai-juin 1940, qui vit nombre de familles se trouver dispersées, si bien que les journaux publièrent pendant des mois des annonces visant à retrouver un proche dont on était sans nouvelle. Le 16 octobre 1940, soit 4 mois après l’exode, le magazine féminin Pour Elle publiait encore une pleine page intitulée « Le reconnaissez-vous ? ». (La Croix-Rouge estime que 90 000 enfants disparurent pendant l’exode et que 100 000 personnes furent tuées).

Ses vingt ans, Marcelle Pichon les vécut pendant l’Occupation. Avec deux enfants en bas-âge, elle connut donc les queues interminables pour trouver chaque jour de quoi manger, le couvre-feu, les panneaux indicateurs du Gross-Paris, le charbon rationné pour se chauffer, les soldats allemands se pavanant et les voies plus ou moins impénétrables des désirs… Mais le plus vital était les cartes d’alimentation qui permettaient, quoique chichement, de se nourrir. Les perdre, c’était être « condamné à mourir de faim ». Et dire que, 40 ans plus tard, Marcelle Pichon choisit de cesser de s’alimenter…