La scène de crime : 183 rue Championnet, Paris 18e

Mix de logements bourgeois et, plus on s’élève dans les étages, d’habitations à bon marché (HBM), l’immeuble du 183 rue Championnet fut érigé en 1929, soit un an après le divorce des parents de Marcelle Pichon, en 1928. Derrière la façade d’inspiration art déco, 128 appartements répartis sur 7 étages.

L’immeuble aujourd’hui. Au 6e étage, Marcelle Pichon habitait un appartement acheté en 1983, un an avant son décès.

Le hall d’entrée.

La cage d’ascenseur… d’époque.

Les couloirs du 6e étage, au sortir de l’ascenseur.

Encore des couloirs, comme un dédale…

… Comme un air de l’Overlook Hôtel, dans Shining de Stanley Kubrick (1980).

Au bout d’un couloir…

… L’appartement n° 9…

… Derrière cette porte, le minuscule studio où Marcelle Pichon se laissa mourir de faim et agonisa 45 jours durant.

De la fenêtre de Marcelle…

… Une vue imprenable sur l’église Sainte-Geneviève…

… Avec sa façade en pierre et sa grande croix…

… Rappelant la croix sur la tombe du père de Marcelle. Un hasard ?

Localisation du 183 rue Championnet (cadastre de Paris), avec la boîte aux lettres qui fut celle de Marcelle Pichon et la fenêtre de son appartement vue depuis la rue Championnet.

D’après les souvenirs d’un ancien locataire du 183 rue Championnet dans les années 1970 (voir ici), l’un des résidents de l’immeuble était Piéral, le « nain le plus célèbre du cinéma français ». De la même génération que Marcelle (il était né en 1923 à Levallois-Perret et décéda en 2003 à Paris 13e), Piéral se fit connaître pour son rôle de « nain monstrueux » dans Les visiteurs du soir (Carné-Prévert, 1942). Après une riche carrière d’acteur, il se reconvertit sur le tard dans le music-hall avec un numéro où il chantait et dansait déguisé en Mae West (ici au cabaret L’Ange Bleu, en 1976). Marcelle le connut-elle ?
L’autobiographie (décapante…) de Piéral, Robert Laffont, Collection « Vécu », 1976. Il ne parle pas de Marcelle Pichon, mais sa maman s’appelait… Marcelle.

Après la découverte du cadavre momifié de Marcelle Pichon en août 1985, un inconnu squatta son studio pendant quelques semaines, clamant qu’il voulait « venger Marcelle » ! Une espèce de « locataire chimérique », d’après le livre de Roland Topor, qui inspira Le locataire, film de Roman Polanski (1976), dans lequel un jeune homme (Trelkovsky) se retrouve à occuper l’appartement où une femme (Simone Choule) s’est tuée en se jetant par la fenêtre et, peu à peu, il se métamorphose en Simone Choule, comme possédé par la défunte (et par le mauvais génie de l’immeuble !), jusqu’à se tuer comme elle en se jetant par la fenêtre. Une menace pour quiconque s’approche trop près de son sujet…