Charles Pichon : père et coiffeur

Charles Pichon, le père de Marcelle, âgé de 17 ans, en 1915. (© Collection privée).

Le registre du commerce de la ville de Paris indique que Charles Pichon ouvrit son salon de coiffure au 144 rue de Javel, Paris 15e, le 20 novembre 1922.

Voici à quoi ressemblait un salon de coiffure à Paris en 1921.

Les annuaires des abonnés au téléphone montrent que Charles Pichon exerça la profession de coiffeur depuis l’année 1922 jusqu’à sa mort, en 1968. En 1969, c’est sa fille, Marcelle Pichon, qui reprend le numéro de téléphone, mais le salon de coiffure n’est plus mentionné.

Le célèbre fer à ondulation de Marcel Grateau qui, libérant à partir des années 1910 les femmes de la servitude des longues chevelures ramenées en opulents chignons, initia la vogue des cheveux « marcellés » qui fit fureur dans les années 20 et 30. Une inspiration pour le prénom Marcelle ?

Le recensement de 1936 indique que Marcelle, alors âgée de 15 ans, était employée chez un certain « Degasne, 15e ». Elle ne fit donc pas d’études supérieures mais fut mise en apprentissage, probablement de coiffure, comme son père, vu la mention « d’ » (pour dito). À noter que Blanche Pichon, une cousine germaine de Marcelle, née en 1910, servait comme femme de ménage logée à demeure chez les Pichon père et fille…

En fait, Degasne était le nom d’un salon de coiffure situé 22 rue Ferdinand Fabre, tout à côté de la rue de Javel (Registre du commerce de Paris). Tenu par une certaine Marie-Louise Degasne, ce salon de coiffure s’appelait… « Paul », comme le « grand amour » de Marcelle Pichon ! (voir pastille 26) (Bottin téléphonique par professions de l’année 1954, rubrique « coiffeurs pour dames ».)

Charles Pichon à 36 ans, photographié au parc de Sceaux en 1934 (Marcelle a alors 13 ans). (© Collection privée). Marcelle avait alors 15 ans et vivait seule avec lui depuis que sa mère était partie sans laisser d’adresse (voir pastille 17). Or, Charles était, parait-il, très avare, au point de marquer au stylo bille les parts de camembert…

Charles Pichon était peut-être abonné à l’une ou l’autre de ces revues, que la petite Marcelle pouvait lire dans le salon de coiffure de son père.

Dans Le mari de la coiffeuse, film de Patrice Leconte (1990), Jean Rochefort livre une possible explication au fait que Charles Pichon, fils d’employé des chemins de fer, ait choisi la profession de coiffeur.

La femme au miroir, du Titien, vers 1515. Les historiens de l’art débattent pour savoir s’il s’agit d’une scène montrant la maîtresse du peintre ou d’une allégorie du temps qui passe. Charles Pichon, lui, aurait pu y voir une publicité pour les coiffeurs, le fameux « gauffré vénitien » étant à l’époque obtenu à l’aide d’une lotion (le flacon au premier plan ?) composée d’huile de noisette, de moelle de bœuf et d’un peu de jus de citron.

À partir du XIXe siècle, des concours de coiffures ont commencé de sacrer les meilleurs « ciseaux » réalisant des créations capillaires toujours plus sophistiquées. Charles avait-il des ambitions capilartistes ou ne fut-il qu’un petit coiffeur de quartier ? (Ici, congrès international de la coiffure, à l’hôtel George V, Paris 8e. Actualités Françaises, novembre 1946 – Archives INA)