Eugénie Landré : mauvais génie maternel ?

Eugénie Landré et sa fille Marcelle, photographiées au parc de Seaux, vers 1930. (© Collection privée – Droits réservés). Tout dans l’attitude de la mère trahi une réticence envers sa fille qui ne dit pas son nom… suscitant un désir d’accaparement de Marcelle pour sa mère d’autant plus féroce ? À l’époque, Eugénie est officiellement divorcée de Charles Pichon depuis 2 ans et Marcelle a été confiée à la garde de son père (est-ce lui qu’elle regarde avec une intensité particulière tandis qu’il les prend en photo ?)

Acte de naissance d’Eugénie Landré, née le 20 février 1900, à Le Pin (Allier). Son père François Landré était vigneron (et borgne de l’œil droit – voir pastille 1). Sa mère, Claudine Trouillet, est notée « sans profession ».

Acte de mariage d’Eugénie Landré et Charles Pichon le 17 juillet 1920, à la mairie du 6e arrondissement de Paris. Sachant que Marcelle est née de cette union le 3 février 1921, Eugénie était donc enceinte de deux mois lorsqu’elle épousa Charles… À l’époque, Eugénie est femme de chambre et habite 3 rue de Fleurus, Paris 6e. Sa sœur ainée Félicie, qui réside aussi 3 rue de Fleurus, est son témoin.

Mais 8 ans plus tard, Charles demande et obtient le divorce parce qu’Eugénie « a quitté le domicile conjugal depuis plus d’un an sans laisser d’adresse. » Dans son jugement d’octobre 1928, le tribunal de la Seine confie Marcelle, alors âgée de 8 ans, à son père.

Douze ans plus tard, lors du mariage de Marcelle avec Victor Baisse le 1er octobre 1940, Eugénie Landré est encore portée disparue. Ni Marcelle ni son père ne savent où elle se trouve…

En fait, Eugénie s’est remariée en 1931 à la mairie du 18e avec un certain Olivier Créach, avec qui elle habite rue Lagouhat, dans le quartier de la goutte d’or, au plus loin du 15e arrondissement (voir pastille 13). Après Charles le coiffeur, Olivier est… musicien et le chef d’orchestre Louis Lacour est même son témoin. (Mais Eugénie divorcera une nouvelle fois en 1957, là encore « à ses dépens »…)

Acte de décès d’Eugénie Landré, le 18 mars 1983. Elle avait 83 ans et résidait alors à Sucy-en-Brie, dans le Val de Marne. C’est à ce moment-là que Marcelle, quittant la rue de Javel où elle a vécu toute sa vie avec son père, achète le studio de la rue Championnet, où elle se laissera mourir de faim un an plus tard. Pas très loin de là où sa mère était partie vivre sa vie sans elle…