Le mystère des morts surnuméraires de Bommiers

En 1857, à Bommiers (Indre), l’arrière-grand-père de Marcelle, Pierre Pichon, perdait coup sur coup sa mère âgée de 68 ans (Jeanne Cantineau) et sa femme qui n’avait que 33 ans (Marie-Madeleine Augras). L’année suivante, c’était au tour de son fils de 2 ans (Jacques) de décéder. Pourquoi une telle hécatombe frappant en même temps et au même endroit une personne âgée, une femme dans la force de l’âge et un enfant en bas-âge ?

Si, remontant le temps, on consulte les registres d’état civil de Bommiers (qui compte à l’époque quelques 650 habitants), on constate que le village enregistrait en moyenne une dizaine de décès chaque année (ici, les années 1851 à 1854).

Mais dans les années 1855, 1856 et 1857, la mortalité double subitement (et Pierre Pichon de perdre sa mère et sa femme)…

En 1858, ce sont carrément près de 50 décès qui sont enregistrés à Bommiers (dont le petit Jacques Pichon) !

En 1859, le village compte encore 22 morts.

Mais à partir de 1860, la mortalité redevient normale, avec de nouveau une dizaine de décès en moyenne chaque année.

Pas de doute, Bommiers connut entre 1855 et 1859 une vague de morts surnuméraires… dont le docteur Jules Jugand, chirurgien des hospices d’Issoudun, livra le secret dès 1861 : une épidémie d’angine couenneuse (ou diphtérie, aussi appelée « croup » à l’époque) ravagea le département de l’Indre, lequel avait connu des inondations suivies d’une forte sécheresse favorisant la propagation de « miasmes infectieux » (voir https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5540859p.r=jugand20angine%20couenneuse?rk=21459;2). Sans cette fichue épidémie, Pierre Pichon n’aurait pas perdu sa femme et, de ce fait, il ne se serait jamais remarié avec Marie Ribault et, de fil en aiguille, Marcelle Pichon ne serait jamais née…