Rafle du Vel d’Hiv : de quels enfants parle-t-on ?

Voici la seule photo connue de la rafle du Vel d'Hiv, les 16 et 17 juillet 1942, montrant les autobus de la RATP réquisitionnés pour acheminer les familles juives au vélodrome de la rue Nélaton, à Paris 15e, à quelques minutes à pied du domicile de Marcelle Pichon.

Dans la presse de l’Occupation, pas un mot sur la rafle du Vel d'Hiv perpétrée par la police française, ni sur ses 13 152 déportés peu après à Auschwitz, dont 4115 enfants. En revanche, nombreuses sont les unes des quotidiens à s’enthousiasmer que des « dizaines d’autobus » aient été réquisitionnés pour emmener en colonie de vacances « plusieurs centaines d’enfants, fils et filles des membres de la corporation de la presse », sous l’égide de Jean Luchaire, le grand patron de la presse collaborationniste. À preuve dans Paris Soir…

Dans Le Matin…

Dans L'Œuvre…

Et dans Paris-Midi.

Dans Le Figaro, on parle de tout sauf de la rafle du Vel d’Hiv.

Idem dans La Croix…

Et dans Le Journal de Paris.

Libération, journal clandestin de la Résistance, est le seul à évoquer les « rafles monstres » du Vel d'Hiv dès le 17 juillet 1942.

Pour certains historiens, la presse de l’époque aurait évoqué le gala donné pour la réouverture du cabaret Le Florence en lieu et place de la rafle du Vel d’Hiv, les 16 et 17 juillet 1942 : en fait, c’est six jours plus tard que ce gala est évoqué, dans l’édition du 22 juillet 1942 de La Vie parisienne, un hebdomadaire consacré aux arts et aux « mœurs élégantes » (voir pastille 19).