Au commencement était le Berry

Berceau de la famille Pichon, voici Bommiers il y a un siècle, petit village de l’Indre situé au cœur du Berry, entre étangs, forêts et dolmen.

Le Pin, dans l'Allier, où naquit en 1900 Eugénie Landré, la mère de Marcelle Pichon.

George Sand, la grande dame du Berry, et sa fameuse « mare au diable » (ou ce qu’il en reste aujourd’hui), située à seulement 17 km de Bommiers.

Préfigurant la révolution de 1848 qui mettra fin à la monarchie de Juillet de Louis-Philippe, le département de l’Indre connut de graves émeutes de la faim pendant le mois de janvier 1847, des artisans, des petits commerçants, des ouvriers et des journaliers se révoltant contre le prix de la farine devenu révoltant à force, notamment, de spéculations financières. L’arrière-grand-père de Marcelle, Pierre Pichon, qui était journalier (le plus bas de l’échelle dans le monde agricole), participa-t-il à ces Jacqueries de Buzançais ? (Les Jacqueries du Bas-Berry, Yvon Bionnier, Auto Édition, 1979)

Pays « insalubre » affligé d’un climat « morbide » en raison d’inondations répétées et de brouillards répandant toute l’année dans les maisons perpétuellement plongées dans une semi-pénombre une humidité malsaine, le docteur Jugand, natif d’Issoudun, a dressé un panorama des conditions revêches dans lesquelles vivaient à la fin du XIXe siècle les ancêtres berrichons de Marcelle Pichon (voir aussi pastille 43). Pour lui, le Berrichon est « âpre au gain » et il a la « manie de posséder ». Quand on sait que Charles Pichon, le père de Marcelle, était avare, au point de marquer au stylo les parts de Camembert…

Voici à quoi pouvaient ressembler les arrière-grands-parents de Marcelle Pichon.

Ici « parodié » en carte postale, le célèbre tableau L'Angelus, de Jean-François Millet, peint vers 1857, semble aussi évoquer les drames de la mortalité infantile, ce fléau qui sévit si longtemps et n’épargna pas la famille Pichon.

Le Berry, pays de sorcellerie, de sorts qu’on jette et d’exorcismes : Marcelle Pichon vient aussi de là… (Ici, une « birette » lors de La Nuit des Sorciers » qui, chaque année, le premier samedi d’août, perpétue à Bué la tradition du Berry profond et fantastique).

En 1971, deux ans après que l’homme ait marché sur la Lune et treize ans seulement avant la mort de Marcelle Pichon, alors que moi-même allais passer un bout des vacances d’été dans la région (j’avais 11 ans), un reportage diffusé sur la 1ere chaîne de l’ORTF montrait à quel point la croyance aux mauvais esprits et aux jeteurs de sorts demeuraient vivaces dans le Berry, à tous les niveaux (mêmes institutionnels) de la collectivité. (Archives INA)