Un passage à la télévision juste avant de mourir

Moins d’un an avant de s’enfermer chez elle et de se laisser mourir de faim, Marcelle Pichon participait à un documentaire de la journaliste Anne Gaillard intitulé « Compartiment divorcés » et diffusé sur FR3 le 27 janvier 1984. Consacré aux femmes de plus de 50 ans se retrouvant seules et sans ressources après avoir divorcé de leur conjoint, cette « carte blanche à Anne Gaillard » donnait, le temps d’un Paris-Bordeaux en train, la parole à plusieurs femmes (et quelques hommes) ayant répondu à une petite annonce parue dans Libération, Télé 7 jours, RTL et Radio Bleue. Contrairement aux autres participantes qui racontent dans le détail l’extrême précarité financière et psychologique dans laquelle elles se trouvent, Marcelle Pichon ne fait que de brèves apparitions et ne dévoile rien, ou presque, de la vie qui était alors la sienne. En revanche, il s’agit du seul document où on entend sa voix et où on la voit telle qu’elle était à cette ultime époque de sa vie. Dans ses gestes, dans le débit de sa voix et dans les propos qu’elle tient affleurent les tourments dont elle était alors la proie. En ce sens, ce document est inestimable. Preuve du statut un peu particulier de Marcelle dans le documentaire, elle est la seule à être nommée par l’initiale de son prénom. Par ailleurs, il est indiqué qu’elle a 54 ans alors qu’en 1984, elle avait 63 ans… Enfin, ce documentaire, réalisé par Pierre Leherle, témoigne des mentalités masculines et de la condition féminine en France au début des années 80. À noter : le beau générique du début, tourné en un long plan séquence gare de Lyon, sur fond du célèbre adagio de Georges Delerue composé pour le film Le Mépris de Jean-Luc Godard. (Archives INA)
Compilation des interventions, dans l’ordre de leur apparition, de Marcelle Pichon dans le documentaire d’Anne Gaillard.